Khalil Gibran
Le Prophète est aujourd’hui considéré comme un livre-culte dans le monde entier. Disponibles dans plus de quarante langues et dans plusieurs traductions en français, des millions d’exemplaires en ont été vendus depuis sa première édition, en 1923. Rarement livre de spiritualité a autant voulu dépasser, dans un langage clair et accessible à tous, les oppositions religieuses pour chanter les valeurs universelles qui, depuis la nuit des temps, consacrent la grandeur de l’humanité. Aujourd’hui, tandis qu’éclate la haine au milieu des pires fanatismes, c’est une rayonnante voie de fraternité que creuse Le Prophète.
Mais qui était son auteur ? Un homme étonnant. Né en 1883 à Bécharré dans le nord du Liban, terre traditionnelle de brassage religieux, il grandit au cœur de la tolérance avant d’émigrer, très jeune, aux Etats-Unis pour fuir la misère. A la fois peintre et poète, il séjourna deux ans à Paris, vécut à Boston et à New York, et attira un grand nombre de lettrés et d’admiratrices.
Libanais comme lui, Alexandre Najjar nous raconte le destin extraordinaire de ce visionnaire révolté qui émancipa la littérature arabe et mania avec talent la langue anglaise ; un être marqué par les tragédies familiales mais toujours prêt à défendre ses convictions par amour de la vie. Il nous a légué un message de paix et d’espoir.
Khalil Gibran, L’auteur du Prophète, 240 p., éd. Pygmalion / Gérard Watelet, Paris, 2002.
Disponible en poche aux éditions J’ai Lu (parution janvier 2006).
Choisi comme “Coup de coeur” par la librairie Renaud-Bray (Montréal).
Egalement disponible aux éditions Grand Livre du Mois.
Traduit en Arabe, Anglais, Espagnol, Portugais, Italien (article Khalil Gibran, fotografia di un poeta, Barisera, 7 août 2006 – Article de la Stampa), Alemand (ed. Schiler) et Coréen.
En cours de traduction en Arménien.
"Il a abordé avec un égal bonheur la poésie, le récit, le roman et le théâtre. Aujourd'hui, impénitent travailleur, il fouille du côté de la biographie avec un auteur de taille et dont la vie même est un mystérieux roman. Il se devait qu'un de nos meilleurs écrivains francophones, Alexandre Najjar, rencontre, sur le terrain de l'écriture, un autre écrivain libanais, Khalil Gibran, oscillant entre l'expression arabe et anglaise, toutes deux parfaitement maîtrisées, et dont on n'a pas fini d'interroger le personnage, le parcours et l'oeuvre multiple et polymorphe. Parue récemment en librairie, la biographie de Khalil Gibran (édition Pygmalion Gerard Watelet-235 pages), signée Alexandre Najjar, jette la lumière (jamais crue, tout en défendant la vérité nue) sur les coins et les recoins les plus inconnus, obscurs ou controversés de l'auteur du Prophète. Louable mérite déjà que d'entreprendre un projet aussi ambitieux, car ni la vie ni les oeuvres au symbolisme marquant, aussi bien littéraires que picturales de l'exilé de Bécharré, ne sont faciles à décrypter d'emblée. Donc saluons tout d'abord le travail immense de recherche, étayé de documents et d'une bibliographie, on ne peut plus sérieux, pour faire jaillir «l'essence» de ce poète-philosophe-peintre, visionnaire, à la sensibilité d'écorché vif, qui ne s'était « jamais érigé en parangon de vertu. » Mêlant le récit historique et les événements qui se succèdent aux nombreux écrits de l'auteur des Ailes brisées, se référant constamment aux sources d'informations fournies par des témoignages, des lettres, des correspondances, riches en révélations, s'appuyant sur l'analyse des ouvres picturales laissées à la postérité, Alexandre Najjar recompose et restitue minutieusement, en toute sincerité et avec le courageux souci de l' objectivité, le puzzle d'une vie et l'énigme d'une création. Dégageant avec soin le terreau qui a nourri cette ouvre complexe et riche, Najjar n'en oublie pas moins de garder l'émotion intacte pour la progression du récit d'une vie aussi palpitante que la trame d'un roman. Un roman où s'enchaînent coups de théâtre et rebondissements imprévisibles, où s'harmonisent espoirs fous et démesure romantique, où plume et pinceau se complètent et se relayent, où la quête éperdue de l'amour se solde sans l' amour d'une vie, mais où, contre toute attente, de tous les tufs de la terre, des drames insupportables et cruels, des misères et mésaventures humaines, des rencontres et des ruptures, de cet incroyable et inextricable magma du quotidien, naît une « création » éclatante et originale où, étrangement, spiritualité, poésie, sagesse, sens de l'élévation et ardeur de la chair fusionnent en une lumineuse formulation. On ne retrouve pas seulement dans ces pages, écrites avec dévotion et beaucoup de respect et de tendresse, ce que nos manuels littéraires scolaires nous disent en quelques phrases bien succinctes et parfois évasives, mais les détails précis et vrais du portrait, d'abord d'un infatigable travailleur, ensuite d'un homme tourmenté et d'un poète inspiré, authentique écho de son siècle. Parcours tumultueux, conduisant un enfant du giron de sa mère aux routes de l'exil, d'un paisible village niché au creux des montagnes du Nord du Liban à Boston et New York où va se nouer un destin tragique tout en réservant de grands pans de sérénité et de joie pour un « élu » de l' écriture et des moments passés dans un atelier sentant la peinture fraîche et la térébenthine. Amours contrariées, malheureuses, secrètes ou platoniques avec une kyrielle de femmes de milieux et influences divers. Dans le tableau de chasse de cet « homme à femmes » (comme le souligne Helena Ghostine), on cite volontiers Mary Haskell, May Ziadé, Posy, Micheline, Charlotte Teller, Gertrude Barrie, Stern. À côté de cela, il y a la fabuleuse amitié avec «Micha», plus connu sous le nom de Mikhail Naïmeh, le sculpteur Youssef Houwayeck lors de son séjour à Paris et le cercle de la Rabita, et qui tous auront une notable influence sur la renaissance des lettres arabes. Entre vie et mort des membres de sa famille, les souffrances contre l'adversité et l'incessant combat pour une vie financièrement meilleure, Gibran demeure un être étonnant et admirable. Presque stoïque. Portant plus de vingt ans son livre Le Prophète (pari de sa vie, confesse-t-il) Gibran qui a lu la Bible, Hugo, Chateaubriand et Rousseau, milité durant la guerre, rencontré un Loti extravagant, posé pour un Fred Holland Day, photographe dandy homosexuel se coulant dans l'orbite d'Oscar Wilde, exposé ses aquarelles à côté de Bonnard, Carrière, Cézanne et Pissarro, fait le portrait de Sarah Bernhardt qui atteignait ses 69 ans et surtout qui, par-delà sa fascination de Jésus, n'arrêtait pas d'écrire et de peindre, nous semble, à travers cette biographie scannant ouvre, situations et personnages, profondément proche car profondément humain. Message d'amour, de paix, de fraternité et d'espoir dans un monde livré aujourd'hui au délire des fanatismes. Voilà Gibran au port d'Orphalèse avec des propos plus clairs et perceptibles que jamais. Sa voix nous atteint en plein cour. Peut-être le livre le plus accompli d'Alexandre Najjar."
" Le parcours de Khalil Gibran sous la plume d'Alexandre Najjar est porté d'un tel souffle qu'il se lit avec bonheur de la première à la dernière ligne. La physionomie et l'oeuvre de ce personnage sont si universelles que tenter de les cerner tenait du pari. Mais ce pari, Alexandre Najjar, au talent confirmé dans divers genres littéraires, l'a fort élégamment relevé dans le dernier-né de ses ouvrages : "Khalil Gibran"... A la recherche du détail précis et parfois inédit, Alexandre Najjar a puisé son inspiration dans sa lecture directe de l'oeuvre de Gibran, dans une somme de documents et une impressionnante bibliographie... A l'aide d'un style vif et alerte, il tente de percer l'énigme Gibran."
"Ce qui caractrérise le livre d'Alexandre Najjar, à part le fait qu'il dévoile des aspects insoupçonnés de la personnalité de Gibran, c'est qu'il transforme la vie de l'écrivain et son art en une matière romanesque qu'il maîtrise avec brio..."
"Libanais comme Khalil Gibran (auteur du "Prophète", traduit dans plus de quarante langues), Alexandre Najjar a publié des poèmes, des romans historiques et des biographies. "L'énigme" Gibran le passionne, celle d'un Arabe qui écrit en anglais et brosse des toiles avec talent... Gibran? Un homme étonnant qui a écrit un livre-culte. Ici, parfaitement découvert et analysé jusqu'en sa pensée profonde."
"Alexandre Najjar nous offre une nouvelle vision de l'écrivain, loin des clichés qui dénaturent son image véritable... L'approche est simple, mais efficace, et donne envie au lecteur d'en savoir plus sur la vie de l'homme, de l'écrivain et de l'artiste dont l'oeuvre continue de séduire des millions de lecteurs à travers le monde."
"La vie de Gibran est magistralement dépeinte par l'écrivain Alexandre Najjar, lui aussi d'origine libanaise... Il existe de nombreuses biographies de Gibran, mais celle de Najjar n'a pas uniquement le mérite d'être fraîchement sortie des presses, elle est surtout très complète, basée sur des recherches étendues qui ont mené notamment à la découverte d'informations inédites. Etayé de documents dont des extraits de correspondance et d'analyses succinctes mais profondes des oeuvres de Gibran, le livre de Najjar contient également une bibliographie hors pair. A certains moments du récit, construit tantôt comme un portrait et tantôt quasiment comme un roman, le biographe se fait exégète et critique, ou rectifie les affirmations de biographies antérieures sur Gibran, notes à l'appui. Ainsi, la vie de Gibran, racontée par Najjar, constitue-t-elle, jusqu'à un certain point, une biographie des biographies..." Pour lire l'article en entier
"Enfin une biographie de Gibran qui reconstitue le puzzle d'une vie d'écrivain et d'artiste écartelé entre l'Orient et l'Occident!"
"Une biographie claire et efficace de ce visionnaire révolté..."
"Un stye solide, des données précises et scientifiques, une grande érudition et une vision profonde des choses... Alexandre Najjar ne se contente pas de nous présenter des informations déjà connues : il ajoute à l'analyse une matière littéraire passionnante qui permet de lire cette biographie comme un roman." lire l'article.
"Nul mieux qu'Alexandre Najjar, Libanais d'aujourd'hui, ne pouvait conter cette destinée exemplaire, débordante de compassion et d'espoir."
"Alexandre Najjar réussit à mettre en lumière l'originalité de Gibran et la puissance de son message qui est percutant et toujours nécessaire."
"Alexandre Najjar a pris l'habit de l'enquêteur minutieux. Il met ses pas dans ceux de son personnage, ouvre sa correspondance, écarte mensonges et inventions... C'est ainsi, avec simplicité, que sont reconstituées les étapes du voyage et de l'exil, cette "cage" dont Gibran a consolidé de ses mains les barreaux." Pour lire l'article en entier: www.lexpress.fr
"D'une grande rigueur, cette biographie de l'auteur du "Prophète" est captivante... La lecture de cette nouvelle biographie foisonnante de renseignements met le point sur la chaîne humaine qui s'était constituée pour faire du jeune immigré l'écrivain universellement connu."
Prologue
Il y a une énigme Gibran. Depuis 1923, date de la parution de son chef-d'œuvre Le Prophète, son nom est célébré aux quatre coins du monde. En 1996, les ventes de ce livre-culte ont atteint, aux Etats-Unis seulement, neuf millions d'exemplaires. Traduit dans plus de quarante langues, dont une dizaine de fois en français, Le Prophète n'a jamais cessé de séduire un très large public. En Allemagne, son succès laisse pantois et, en Italie, l'édition en poche de ce livre a récemment figuré en tête des meilleures ventes. Dans les années soixante, les mouvements estudiantins et hippies avaient adopté cet ouvrage qui proclame sans ambages : " Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils sont les fils et les filles du désir de la Vie pour elle-même… " et, aujourd'hui encore, il n'est pas rare que des extraits du Prophète soient lus à l'occasion de mariages ou de baptêmes. En prononçant sa fameuse phrase : " And so, my fellow Americans, ask not what your country can do for you ; ask what you can do for your country ", John Fitzgerald Kennedy a repris la question de Gibran: " Etes-vous un politicien qui se demande ce que peut faire son pays pour lui ? (…) Ou bien êtes-vous ce politicien zélé et enthousiaste (…) qui se demande ce qu'il peut faire pour son pays ? " Même les Beatles ne sont pas restés insensibles à l'œuvre de l'écrivain libanais puisque leur chanson Julia s'en inspire directement…
A part les monuments consacrés à l'artiste dans son pays natal (le musée Gibran, la place Gibran inaugurée en l'en 2000 dans le centre-ville de Beyrouth), il y a, un peu partout, des lieux, des statues, des plaques commémoratives qui saluent sa mémoire : aux Etats-Unis, il existe deux monuments dédiés à Gibran, l'un à Copley Square à Boston, l'autre à Washington, inauguré le 24 mai 1991 par George Bush qui prononça à cette occasion une allocution où il affirma : " Gibran est un symbole de paix… Poète et philosophe, il sut extraire " d'une goutte d'eau le secret de la mer ". La poésie fut le langage par lequel il explora son âme et nous révéla la nôtre… Il nous attira là où nous n'étions pas habitués à nous hisser… " Le prestigieux Metropolitan Museum of Art de New York, le Fogg Art Museum, le Boston Museum of Fine Arts, le Newark Museum, le Telfair Museum of Art de Savannah en Georgie… possèdent plusieurs tableaux de l'artiste, et la communauté libanaise du Brésil a récemment inauguré un centre culturel baptisé " Gibran ".
Et pourtant.. Pourtant, Gibran demeure absent de la plupart des dictionnaires et des ouvrages occidentaux qui traitent de l'histoire de la littérature. Pourquoi ? cet ostracisme s'expliquerait selon Amin Maalouf - et son raisonnement se tient - par le fait que Le Prophète est un livre inclassable, qui échappe aux étiquettes. Ni roman, ni essai, ni poème… il n'entre dans aucune catégorie définie. Et son auteur est tout aussi inclassable : écrivain arabe qui écrit en anglais, né au Liban et vivant aux Etats-Unis, à cheval entre Orient et Occident, Gibran déroute…
Nombre de livres, de thèses, d'articles lui ont été consacrés. A-t-on tout dit sur lui ? Sans doute pas : sa correspondance n'est pas définitive, et l'un de ses parents aux Etats-Unis (le sculpteur Khalil Gibran) recèle probablement des documents encore inexplorés. Le présent ouvrage, qui met en lumière un certain nombre d'informations inconnues ou méconnues (comme les lettres de Gibran à Helena Ghostine ou les ordonnances de saisie contre sa famille), ne cherche pas à être exhaustif. Il entend plutôt retracer le parcours de l'artiste avec une simplicité proche de celle qui a caractérisé ses écrits et, extraits à l'appui, de rendre aussi claire que possible une pensée que beaucoup ont eu tendance à compliquer, sans doute pour donner à son œuvre une dimension philosophique qu'il ne revendiquait pas lui-même. " Les choses sont dites simplement, avec autorité. " Tel était le mot d'ordre de Gibran. Tel sera le nôtre.