Berlin36

Berlin36

Ce roman est celui d’un événement: les jeux Olympiques de Berlin, organisés par le IIIe Reich en 1936. Autour de cette manifestation gravite une foule de personnages pittoresques ou inquiétants, réels ou fictifs: le Führer, bien déterminé à berner le monde en montrant un visage pacifique de l’Allemagne; Jesse Owens, l’athlète noir qui défie les Nazis et leurs théories racistes en remportant quatre médailles d’or; les ministres Goebbels et Göring, qui déploient mille stratagèmes pour faire des Jeux un instrument de propagande; le baron Pierre de Coubertin, icône déchue qui se fourvoie en soutenant les organisateurs; Leni Riefenstahl, cinéaste exigeante et capricieuse qui, dans son film consacré aux Jeux, exalte la force martiale; Oskar Wilmer, un pianiste de jazz qui, à sa façon, résiste à la marée nazie qui submerge son pays; Pierre Gemayel, un jeune libanais de passage qui découvre avec étonnement l’envers du décor; Claire Lagarde, une belle journaliste française qui, en couvrant les jeux, rencontre subitement l’amour…

Traduit en arabe (Dar As-Saqi).berlin36arabic

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Alexandre Najjar : Beyrouth-Berlin Il se démène comme un fou, Alexandre Najjar, 42 ans. Ecrivain (auteur, notamment, du Roman de Beyrouth et de Phenicia), responsable du supplément mensuel L'Orient littéraire, avocat - c'est lui qui a plaidé la cause beyrouthine devant l'Unesco - infatigable propagandiste de la francophonie et grand ami de la France, cet ancien élève des Jésuites (comme son aîné Amin Maalouf) est sur tous les fronts. Allant même, pour les besoins de son dernier roman, enquêter jusqu'à l'Ohio et la capitale allemande. Berlin 36, c'est son titre, est le récit revisité, mêlant créatures de papier et personnages historiques, des fameux Jeux olympiques organisés par le IIIe Reich. Au centre de la piquante fresque politico-sportive de Najjar, Jesse Owens, l'athlète noir américain aux quatre médailles d'or. A ses côtés, ou presque, les ministres de Hitler, Goebbels et Göring, Leni Riefenstahl, la cinéaste égérie du régime nazi, le baron de Coubertin et... Pierre Gemayel, alors jeune président de la Fédération libanaise de football. Quand le futur chef des Phalanges chrétiennes découvre, subjugué, les ardeurs nationalistes et la discipline de la jeunesse allemande. Berlin et Beyrouth, deux villes au destin si singulier...

L'Express - Marianne Payot, publié le 19/11/2009

Berlin 36 a été choisi comme « coup de cœur » par trois mé­dias : Le Point, Le Figaro littéraire et Le Journal du Dimanche.

En passant entre les doigts d’Alexandre Najjar, la matière historique brute devient souple et pure.

An-Nahar, 10 octobre 2009

Berlin 36 n’est pas seulement un roman historique, ni un roman documentaire, ni un roman d’amour ni un roman « sportif », il est tout cela à la fois, avec une dimension cinématographique mise en valeur par un solide découpage en séquences et par un rythme soutenu, avec, en plus, l’imagination, l’humour, la fantaisie et le réalisme.

Al Hayat, 23 octobre 2009

Un roman pittoresque, fourmillant d’anecdotes et de personnages historiques connus et moins connus, écrit avec une documentation marathonienne et qui se lit comme une course de cent mètres.

Noun, octobre 2009

Est-ce parce que le sport requiert un sens aigu de la description, de l’image et du mouvement? Rares sont les romanciers à s’y aventurer. Alexandre Najjar nous offre, avec Berlin 36, une fresque passionnante sur une olympiade qui foula au pied nombre de valeurs de l’olympisme. De l’ascension de la « flèche noire » Jesse Owen, dont les quatre médailles d’or furent vécues comme un camouflet par les dignitaires nazis, à l’utilisation des Jeux par le régime hitlérien, il nous fait revivre de l’intérieur cet événement. Personnages fictifs et réels (Hitler, la cinéaste Leni Riefenstahl, mais aussi le jeune Pierre Gemayel, futur chef des Phalanges chrétiennes au Liban…) s’y croisent dans un ballet captivant d’intrigues sentimentales, politiques et sportives.

Le Monde des livres, 21 octobre 2009

Berlin 36 : Le roman des JO de 1936 L’écrivain libanais évoque le destin hors norme de Jesse Owens, le sprinteur noir qui défia Hitler. A travers les exploits du sprinteur noir américain Jesse Owens, qui remporta quatre médailles d’or au Jeux de Berlin en 1936, Alexandre Najjar fait revivre de façon très convaincante une tranche d’histoire fascinante. De quoi frémir et réfléchir. L’écrivain libanais né en 1967 parvient, grâce à ses personnages, historiques ou non, à exposer toute la complexité de la période. Hitler apparaît en parfait hypocrite, se présentant à la communauté internationale comme un homme de paix. Ce qui lui permet, alors que son régime est déjà ouvertement antisémite et raciste, d’organiser les XIes Jeux olympiques. Quant à la cinéaste amie du Führer, Leni Riefenstahl, son art prime tout à ses yeux. Sans retenue, elle filme pour l’histoire les courses de Jesse Owens, le champion qui se vit pourtant refuser une poignée de main par Hitler. Toute l’ambiguïté des derniers Jeux d’avant-guerre est dénoncée par une jeune journaliste française envoyée spéciale à Berlin. Une femme qui tombe amoureuse d’un pianiste berlinois qui sera déporté, une fois la cérémonie de clôture achevée, pour avoir joué du jazz, la musique des Noirs.

Le Figaro littéraire, jeudi 20 octobre 2009

Parce qu’il se sent proche de lui, Alexandre Najjar a fait de Jesse Owens l’un des personnages principaux de son roman : « Au Liban, j’ai connu comme lui les apartheids et la résistance aux ténèbres organisées, écrit-il dans le prologue de Berlin 36. Je ne pouvais rester insensible à son combat contre le racisme et la haine. »

La Croix, 21 octobre 2009

Né de l’admiration de l’écrivain libanais pour Jesse Owens, ce roman n’est pas qu’une biographie de l’athlète noir aux qua­tre médailles d’or aux Jeux de Berlin, en 1936. Il est le prétexte à une grande fresque brossant les sournoises ma­nœuvres du régime nazi pour faire de cette manifestation un véritable instrument de propagande... Alexandre Najjar a écrit dans un style limpide un livre passionnant que nos lecteurs ont plébiscité, comme Odile Furney : « C’est le premier roman historique qui marie si justement la grande histoire des JO de Berlin et les autres ». Myriam Bohain : «Je le recommande à tous ceux que l’histoire et ses dessous intéressent. »

Le Journal du Dimanche, Version Femina, 25 octobre 2009. «Coup de cœur des lectrices »

Un nouveau roman d'Alexandre Najjar, une nouvelle plongée dans l'histoire avec une foule de personnages passionnants qu'on accompagne jusqu'au bout du livre pour le fermer à regret sans vouloir le quitter.

La Revue du Liban (19-26 septembre 2009)

Ecrit d'une plume limpide et basé sur une solide docu­men­tation (...), Berlin 36 est d'une lecture prenante. Une fres­que qui fait habilement se rencontrer les dieux du stade, de la guerre et de l'amour. Lire tout l'article

L'Orient-Le Jour

Un roman bouleversant, riche d'enseignement.

France Culture

Prologue

Chicago-Berlin-Beyrouth
Sans Jesse Owens, je n’aurais jamais visité l’Amérique.
Depuis des années, un ami libanais établi à Boston m’invitait
à passer quelques jours chez lui, mais je ne me décidais pas,
paralysé par mon mépris pour la politique américaine de
George W. Bush, trop arrogante à mon goût. Le jour vint enfin
où, pris de passion pour Jesse Owens, je résolus de franchir le
pas. Car ce personnage représentait à mes yeux l’Amérique telle
que je l’aimais : audacieuse, volontaire, libre. Pour moi, Jesse
Owens n’était pas seulement l’athlète accompli qui avait brillé
aux jeux Olympiques de Berlin, c’était aussi l’homme qui avait
surmonté la ségrégation qui minait son pays et ridiculisé les
théories de la suprématie aryenne prônées par les nazis. Au
Liban, j’avais, comme lui, connu les « apartheids » et la résistance
aux « ténèbres organisées » : je ne pouvais rester insensible
à son combat contre le racisme et la haine.
A bord de l’avion d’Air France qui s’apprête à se poser sur le
tarmac de l’aéroport O’Hare, je colle mon nez contre le hublot :
Chicago a l’air d’une ville méditerranéenne, avec ses plages de
sable et sa corniche en bordure du lac Michigan… Fausse
impression : la « Windy city » reste la plus américaine des
villes des Etats-Unis. C’est la cité du jazz et du blues, celle d’Al
Capone et de la Prohibition, des gratte-ciel et des maisons de
style victorien, d’Abraham Lincoln et d’Ernest Hemingway,
celle de Walt Disney et d’Oprah Winfrey, des Chicago Bulls et
des Chicago Cubs, celle des quartiers chics – le Loop – et des
banlieues populaires – Bonzeville –, celle, enfin, de Barack
Obama, le sénateur de l’Illinois devenu le premier président
noir des Etats-Unis.
Je foule le sol de l’Amérique. « We shall never forget » proclame
une affiche placardée dans le hall d’arrivée. Hantise du
11 Septembre. Les démons rôdent toujours : les passagers sont
sommés de se déchausser, d’ôter leurs ceintures et de vider leurs
poches. Spectacle dégradant : les fouilles au corps ont remplacé
la quarantaine. Au poste de contrôle, un officier vérifie mon
passeport. Le mot « Beyrouth » le fait sursauter. Il me dévisage
attentivement, me photographie de face et de profil, prend mes
empreintes digitales et me soumet à un interrogatoire :
— Que venez-vous faire aux Etats-Unis ?
J’hésite. Dois-je lui parler de mon projet ?
— Je fais des recherches sur Jesse Owens.
Il lève les sourcils, étonné.
— Jesse Owens ? Qui est Jesse Owens ?
La question me surprend d’autant plus que mon interlocuteur
est métis. Comment peut-il ignorer l’existence du
champion noir ?
— Un grand athlète américain, lui dis-je.
— Combien de médailles d’or a-t-il gagné aux jeux Olympiques?
— Quatre.
— Où ça ?
— A Berlin.
— Quand ?
— En 1936.
L’officier sourit.
— Welcome to Chicago ! s’exclame-t-il en tamponnant mon
passeport.
Je franchis le portique avec la satisfaction d’avoir réussi
mon examen de passage aux Etats-Unis.
Dans le taxi, conduit par un Afghan qui m’affirme n’avoir
jamais été inquiété à cause de ses origines, je songe au double
visage de l’Amérique : puissante et fragile, ouverte et méfiante,
libérale et impitoyable, adulée par la moitié de la planète et
détestée par l’autre moitié qui n’en continue pas moins à écouter
les chansons d’Elvis ou de Madonna, à suivre les séries
américaines à la télévision, à boire du Coca-Cola ou à fumer
des Marlboro.
Après une courte pause au Congress Hotel, situé non loin
d’un parc où trône une statue d’Abraham Lincoln, face à deux
monuments étranges représentant des Apaches à cheval, l’un
faisant mine de lancer un javelot imaginaire, l’autre bandant
un arc inexistant, j’emprunte, pour aller à mon rendez-vous,
un taxi piloté cette fois par un Pakistanais portant la tenue
traditionnelle de son pays. « Ne croyez pas les politiciens, me
confie-t-il. Tout est truqué ! » Je secoue la tête. Leonard Cohen
n’aurait sans doute pas désavoué ce conseil : « Everybody
knows that the dices are loaded… »
Arrivé à destination, je prends l’ascenseur menant au
19e étage. Jamais je n’étais monté aussi haut, sauf peut-être en
visitant la tour Eiffel. Un septuagénaire en short m’ouvre la
porte et appelle sa femme. Je frissonne : Marlene Owens ressemble
beaucoup à son père.
Je me présente et lui offre une bouteille de bordeaux. Elle me
remercie, m’invite à m’asseoir et se met à me parler de « lui »
avec fierté et pudeur. Elle me raconte comment, durant les dernières
années de sa vie, après avoir accumulé les ardoises, son
père s’était mis à sillonner le monde pour rencontrer les jeunes,
comment il jouait au golf contre son fidèle rival, Ralph
Metcalfe, qu’il battait toujours comme au bon vieux temps,
comment il était mort d’un cancer de la gorge parce qu’il
fumait trop, lui, le sportif modèle.
Une heure passe. N’y tenant plus, le mari ouvre la bouteille
de vin. Nous levons notre verre à la mémoire de Jesse Owens.
Le lendemain matin, je prends l’avion pour Columbus et me
rends en taxi jusqu’à l’université de l’Ohio, située hors du
centre-ville. Dans le bâtiment réservé aux archives, je me
plonge dans les photos et les papiers personnels de Jesse
Owens, légués à l’institution par sa femme. Le champion
m’apparaît alors moins mythique, plus humain : le journal
intime qu’il tenait pendant son séjour à Berlin est rédigé d’une
écriture enfantine ; il révèle toute la simplicité du personnage.
Pour clore mon voyage, je m’envole pour l’Alabama. Le
matin, je me rends au Birmingham Civil Rights Institute,
dédié au combat des Noirs contre la ségrégation. Belle leçon
d’histoire et d’humilité. J’y vois la porte de la cellule où
Martin Luther King écrivit, le 12 avril 1963, sa fameuse Lettre
de Birmingham ; le bus des « Freedom riders » qui était
censé forcer les barrages de la haine et fut saccagé par des
Blancs en colère ; la photo de Rosa Parks, emprisonnée pour
avoir refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus de
Montgomery ; des images de la fameuse marche sur Washington
en mai 1963 ; et des pancartes, insoutenables, portant
l’inscription « Colored » ou bien « For white customers
only », qui, toutes proportions gardées, rappellent tristement
les slogans antijuifs peints en Allemagne par les nazis sur les
vitrines de certains commerces. A la sortie, je ne peux m’empêcher
d’avouer au gardien : « I’m ashamed to be white. » J’ai
honte, oui, honte d’être blanc.
L’après-midi, je prends la route pour Oakville, la ville
natale de Jesse Owens. Le chauffeur de taxi s’appelle Michael.
Il est si obèse qu’il monte de biais dans sa voiture et recule à
fond son siège pour éviter que son ventre ne bloque le volant.
Il est drôle, serviable, mais s’exprime avec un accent très
prononcé.
— Un mémorial Jesse Owens à Oakville ? s’étonne-t-il. Je fais
ce métier depuis dix ans, personne ne m’a jamais demandé d’y
aller.
— Eh bien, je vous le demande.
— Il y a toujours une première fois ! s’esclaffe-t-il en démarrant.
Oakville est un trou perdu au milieu de nulle part. On y
accède par des chemins mal goudronnés qui serpentent à travers
des prairies verdoyantes parsemées de maisons de bois
aussi petites que des camping-cars. Le mémorial consacré à
Jesse Owens comprend trois espaces : le musée où sont exposés
objets personnels et photos ; une reconstitution de la
maison familiale des Owens à l’époque où le père, Henry, travaillait
encore dans la plantation de coton, et une piste de saut
en longueur flanquée d’une balise qui indique au visiteur
incrédule la distance franchie par le champion lorsqu’il pulvérisa
le record du monde de cette discipline. Au milieu du parc,
une statue en bronze, représentant Jesse Owens en action derrière
cinq anneaux géants enchevêtrés, comme si le destin de
l’athlète était intimement lié aux jeux Olympiques ; comme si,
pour lui, le temps s’était arrêté en 1936.
Quinze jours plus tard, je prends l’avion pour Berlin. Autrefois
synonyme d’exclusion, la ville est devenue, depuis la chute
du Mur il y a vingt ans, symbole de convivialité. Instinctivement,
la fameuse formule du président Kennedy me revient à
l’esprit : « Ich bin ein Berliner. » Berlin et Beyrouth ont connu
le même destin : divisées en deux, séparées par une ligne de
démarcation, puis réunifiées, elles n’ont pas encore pansé
toutes leurs plaies, mais vivent, orgueilleuses et libres, dans
l’insouciance. Berlin est à l’Occident ce que Beyrouth est à
l’Orient : un carrefour, un laboratoire.
Je passe ma première soirée au Quasimodo, un club de jazz
à l’angle de la Kantstrasse, dont l’enseigne représente un trompettiste
coiffé d’un chapeau mou. Est-ce ici que se produisait autrefois
Oskar Widmer ? Je n’en suis pas certain, mais l’ambiance
doit être la même. Je commande une bière et assiste à un
concert organisé par le Jazz Institute of Berlin dans le cadre du
festival « Black History Month in Berlin ». La voix de Jocelyn
B. Smith me transporte.
Le lendemain, je me rends en pèlerinage à l’Olympiastadion,
rénové à l’occasion de la Coupe du monde de football 2006.
« 100 m LAUF OWENS USA ». Sur une stèle, gravé dans la
pierre, le nom de Jesse Owens – qui a été donné à une rue,
située près du stade. Je ferme les yeux et me représente Adolf
Hitler ouvrant les Jeux de Berlin et les cent mille spectateurs
qui acclament leur Führer. Je ne peux m’empêcher de songer à
tous ces partis totalitaires ou extrémistes qui, de nos jours
encore, à l’image des nazis, terrorisent leurs opposants, brident
les libertés et manipulent les foules pour réaliser leurs sombres
desseins. Je m’imagine Jesse Owens prenant le départ du
100 mètres. Pour démontrer au monde entier, en 10 secondes
3/10, qu’un Noir vaut bien un Blanc et peut le dépasser.
Soixante-douze ans avant un certain Barack Obama.