Article de Christophe Ono-dit-Bio dans “Le Point” (avril 2005).
“VIVE LE LIBAN LIBRE !
Il y a l’Homme de Rio, il y a l’Homme de l’Atlantide, et puis il y a l’Homme de Beyrouth, Alexandre Najjar. Najjar avec deux « j », qui font comme deux cimeterres au milieu de son nom. Avocat, écrivain, journaliste, et libanais encore plus. À 38 ans, ce type à l’allure juvénile sous la dégaine classique requise par ses fonctions de spécialiste du droit bancaire est certainement le type qui a le plus fait, en écriture, pour son pays. D’ailleurs, à part peut-être des livres de recettes sur la meilleure façon de préparer le fattouch, il a écrit pratiquement tout ce qu’on peut écrire à son sujet : des romans, des poèmes, une bio de Gibran, son prophète, un essai sur De Gaulle (et le Liban), et surtout des tribunes incendiaires dans L’Orient-Le Jour pour exprimer son indignation au lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri. D’ailleurs, chaque matin, Najjar se rend près du cratère laissé par l’explosion. Une façon de se souvenir que s’il connaît, très souvent, « La Honte du survivant », les bancs sur lesquels il usa ses pantalons, adolescent, furent malheureusement ceux de « l’Ecole de la Guerre ». Deux autres de ses livres. Encore sur le Liban. Et pour couronner le tout, voilà qu’il publie ces jours-ci Le Roman de Beyrouth (Plon), idéal pour qui veut comprendre, et revivre, le destin de cette Suisse du Moyen-Orient « qui n’a pas de pétrole, mais 18 communautés ». Et l’ironie de l’Histoire en prime ! « Écrire le roman de cette ville où je suis né impliquait d’attendre la fin des combats pour accompagner sa résurrection », explique t-il, ajoutant que « parler d’une ville en guerre, c’est comme parler d’un ami malade. »
Le Point
(n°1699 – 4 avril 2005).
Christophe Ono-dit-Biot